C’est juste histoire de me souvenir, le moment venu…
Jeudi dernier, j’ai eu une journée chargée après mes « galères » du début de semaine.
Première décharge : Le passage dans les beaux-quartiers « rive-droâte » de la Seine. Immeuble somptueux de l’avenue François 1er, moquette profonde, décor mural exonéré d’ISF, poignées de porte du meilleur effet, dédale de couloirs guidé par « blondinette accorte », grande salle de réunion rose-saumonée, rideaux aux fenêtres et frondaisons vieille-France.
Je ne suis pas le premier, mais pas le dernier non plus : Arrivent les « chefs », qui font le tour en serrant chaleureusement les mains et faisant la bise « aux filles ».
Pas toutes de la première fraîcheur, mais bon, à chacun ses goûts.
On a même le droit à quelques viennoiseries et moi à un grand bol de café chaud : C’est que ça caille sévère derrière le double vitrage « sur boulevard ».
Hélas, je tourne le dos aux feuillages désuets…
Thème de la séance : Les élections de mai et de juin.
Et on commence « très fort ».
La « numérologue » nous explique que « Bling-bling » ne peut être que réélu.
Si !
La « cartomancienne » aussi.
Si !
L’astrologue nous explique dans le détail le pourquoi des astres : On entre dans une configuration au sort « aléatoire » qui débouchera sur une période de troubles sociaux et internationaux.
De cette « période trouble », seul « Bling-bling » apparaîtra comme l’unique solution de recours. Il sera nécessairement réélu.
Si !
Le « matheux » du groupe nous explique avec force tableaux d’analyses statistiques que « Bling-bling » sera réélu malgré les sondages qui ne lui sont pas favorables.
Qu’est-ce que je fou dans cette réunion à la kon ?
Je croyais qu’il s’agissait d’analyser les réactions post-électorales à prévoir pour éventuellement faire émerger la meilleure façon de faire face à toutes les hypothèses de la boutique qui nous reçoit.
Mais non, ils ont tous l’air content d’entendre ce qu’ils voulaient entendre, que rien ne saurait changer.
Et comme poliment je reste silencieux, celui qui fait « chef de bande », il me demande mon avis-avisé.
« Monsieur le Président, sauf votre respect, je n’ai qu’un seul neurone en état de fonctionner (celui du nerf-honteux). Devant un tel étalage de convictions scientifiques, je me dois de rester humble jusqu’à en rester coi de modestie ! »
Là, ça en interpelle plus d’un « costume-cravate-grise » (que, pour ma part, j’avais mis celui que je réserve pour les mariages, les baptêmes et les enterrements : Un gros effort vestimentaire sur moi-même. J’aurai dû venir déguisé en clown, finalement).
Ce qui veut dire ?
« Ça veut dire, Monsieur le Président, que chacun sait ici que le peuple a déjà décidé.
En janvier 2007, quand notre « Ô combien vénéré Président » avait fait son show à la porte de Versailles, toute le monde savait déjà que la « cruchitude » avait perdu.
Souvenez-vous qu’en janvier 2002, tout le monde en avait marre de « Tonton Yoyo » et de ses piqûres à chaque JT de 20 heures. On savait qu’il allait perdre.
Je ne vous ferai pas l’affront de vous rappeler qu’en janvier 1995, chacun savait déjà que celui qui attendait « son boulot de dans deux ans » avait un boulevard devant lui.
On doit pouvoir ainsi remonter à 1988 et même à 1981, quoique-là, l’élection de « Mythe-errant » ait plutôt été le résultat de la vindicte anti-VGE de Chirac que du talent du « maître du verbe ».
(Faut dire aussi que 5 ans de rigueur à la « barre », ça en avait sonné quelques-uns).
Vous n’étiez pas né, mais je vous rappelle très humblement qu’en 1974, tout le monde savait que « le gagneur de Bordeaux » avait déjà perdu à la mort de Pompidou (ça c’est même passé dans le salon de mon papa-à-moi, celui qui me fait frémir quand je l’évoque), qui lui-même, 5 ans avant, était déjà le seul à pouvoir passer un an avant la démission du Général…
Et que dit le peuple en janvier 2012 quand on lui demande un pronostic sur les prochaines échéances ? Que le candidat socialiste sera élu ! »
Brouhaha de réprobation : Je reste un ignoble, n’est-ce pas.
Vilain en plus.
Que je leur en gâche leur prochaine digestion…
Mais je finis mon intervention en haussant le ton et en me levant :
« Je rajouterai quand même qu’en qualité de juriste de formation, je reste étonné que personne ici n’évoque les mesures à prendre. »
C’est quoi un juriste (pas « quelles mesures »…) ?
« C’est un type qui anticipe toutes les hypothèses, mêmes les pires. Genre, quand un notaire prépare un contrat de mariage pour deux jeunes promis au « Grand amour », il évoque nécessairement leur divorce et leur décès ! »
C’est comme ça qu’on fait le moins de konneries possibles dans la vie.
Et encore…
Et je me suis « éteint » tranquillement en désespérant d’avoir eu à tourner le dos aux squelettes de feuillus du boulevard : J’avais une autre réunion à assumer, mais à l’hôtel de Ville de ma ville.
Une autre paire de manches en perspective.
Petite restauration frugale et festive entre-deux, me voilà dans une autre salle de commission, sans le moindre tableau de maître accroché aux murs. Même pas une fenêtre où se repaître de l’activité de la rue de Rivoli ou des « péniches-sur-Seine » : Un vrai blockhaus, posé-là, hors du temps.
Deuxième décharge : Là, c’est carrément la bataille de Paris sur moquette-feutrée à laquelle j’assiste médusé. Les « écolos » sont priés, en « sourdine-grondissante », de « dégager ».
On m’avait prévenu dimanche de ne pas aller jeter mon « feu-grégeois » sur l’huile de friture municipale, ou inversement, je ne me souviens plus : Je me suis donc fait « tout-petit » et ai passé mon temps à « décrypter » les messages subliminaux des « non-dits » et diverses attitudes.
Le parachutage de Cécile Duflot dans la 6ème, le petit bout du 10èmearrondissement, le côté « Belleville-République-résistance », quartier coincé entre les « théâtreux » et les chinois, haut-lieux passés des tanneries « feuj » le long du canal, qui ont tant donné de mal à la Wehrmacht et tant contribué aux flots de la Shoa, deviendrait fief de la « petite-catho » parachutée ?
Et sans l’accord de « De-la-Nuée » en plus ?
Une ignominie !
Que « sœur-Anne », autant elle brosse dans le sens du poil de la petite Myriam (« El-Konnerie » : Vraiment mignonne la franco-marocaine du 18ème, et en plus elle a de la tchatche !), autant elle en devient presque « mufle » avec les EELV : Pas en odeur de sainteté dans les couloirs de l’hôtel de ville.
D’ailleurs, la plupart envoient leur « dir-cab » à ces réunions, ou saluent, font la bise (Sœur-Anne fait la bise à tout le monde : Je suis très déçu, je croyais avoir un privilège unique) et s’éclipsent discrètement après le premier vouvoiement venu, alors qu’il était de tradition de se tutoyer dans la « majorité-parigote »…
Bon, ce n’est pas encore la guerre ouverte, mais ça chauffe.
Il paraît d’ailleurs que le courant ne passe plus entre les deux « petits-sœurs » de la rue Solférino : Les mauvaises langues rapportent même que « Sœur-Anne », visant « Titine Eau-brie » de passage dans la cour, lui aurait jeté un « Que je ne te croise plus jamais ! » méchant en guise d’avertissement pour les prochaines batailles.
C’est d’ailleurs assez étonnant : On se souvient que le duo « De-la-Nuée/sœur-Anne » se sont vraiment défoncés pour les primaires de « Titine ».
Bé désormais, il n’y en a plus que pour « François III » !
J’en témoigne.
Bref, l’épisode « Duflot » fera faire perdre les prochaines municipales à la « gôche parisienne » : C’est dans deux ans, certes, mais les divisions commencent à fendiller l’armure de l’Union-plurielle.
Et puis, avec ce qui attend « François III », les « Gaulois » le rendront responsable des déconfitures à venir, il n’y a aucun doute.
Et quand « Sœur-Anne » me demande encore « mon opinion », je redis le même « machin » qu’en matinée et lui rappelle notre entrevue de la fin d’été : « Je t’avais dit de faire la campagne de celui-là. Tu n’as pas voulu m’écouter. Maintenant tu sais ! »
Et elle en retour de me tenir gentiment un avertissement sans frais et hors de propos : « Que je ne te vois pas tenir la chandelle à « Goût-jonc » ni à « La-Mourre » dans le 15ème ! »
Elle sait parfaitement que je ne colle que les affiches du « cousin-Jean » (Tiberi), dans le 5ème.
Et encore, quand il me le demande gentiment seulement, ce qui se fait rare.
« Qu’est-ce que j’irai faire chez eux ? Tu sais bien que je tiens plus que tout à rester libre ! », Ignoble et Infreequentable à l’occasion !
N’empêche « qu’Aller-rack » candidat « d’union-soce », c’est une konnerie, lui balance-je à mon tour.
Je n’en démords pas.
Une journée vraiment surréaliste : D’autant que j’avais soif.
Je me suis jeté un demi derrière la cravate avant de rentrer installer mon nouveau serveur.
Par malchance, une ampoule a grillé, il faisait nuit, je n’ai pu terminer qu’au lendemain.
Qui chante !